Une histoire vraie
Histoire d’arbre , moi l’amandier .
Avez vous déjà vu un amandier à genoux ? Jamais n’est ce pas ! Et cependant moi qui communique avec vous, je puis vous affirmer qu’avec mon voisin, amandier de son état également, nous sommes des rescapés de la tempête du 02 avril 2009, en effet ce jour là en fin d’après midi, un vent violent se mit a souffler si fort sur notre plateau que de nombreux arbres d’essence diverses furent mis à mal et déracinés ou encore brisés !
Il faut dire que depuis plusieurs jours, la pluie n’avait cessé de tomber, le ciel était sombre et ( pesait comme un couvercle) Baudelaire ! Les sols étaient gorgés d’eau, et lorsque en fin d’après midi le vent se mit à souffler si fort que de nombreux congénères, furent déracinés à tour de bras, projetés sans ménagement sur les constructions ou encore brisées comme de simples fœtus de paille.
Moi amandier de mon état, n’avions jamais vu tout comme mon maître d’ailleurs une telle fureur s’abattre sur nous. Nous étions trois frères à vivre côte à côte, et nous nous sommes retrouvés à terre sans ménagement aucun, toutefois, terrassés, oui, mais pas morts.
Nous n’étions certes pas les seuls à avoir subit les effets de la tempête, à quelques pas d’ici, un cèdre dans la fleur de l’âge fut totalement déraciné, causa quelques dégâts sur un bâtiment, et malheureusement le maître des lieux dû le faire démanteler par une entreprise, d’ailleurs si vous regardez du côté des noisetiers, une partie du tronc est encore visible et sert de gîte à une multitude d’insectes qui se sont installés là ! Il semble qu’une partie du bois ait été broyé et utilisé au jardin par le maître des lieux, le reste du tronc servit de base à la confection de buttes auto-fertiles .
Pour nous trois, le sursis nous avait été accordé, le choc avait été terrible mais les branches directement en contact avec le sol, avaient servi d’amortisseur, nous sommes ainsi restés là un certain nombre de mois, une partie des racines à l’air attendant le coup de grâce des tronçonneuses.
Nous étions là à attendre, toutefois nous n’étions pas morts, certes une partie de nous même avait cessé de vivre, mais le printemps venu la sève continuait de monter en nous, alors nous avons décidé de vivre, de prendre notre revanche, même si nous n’étions qu’en sursis, de jeunes et vigoureuses pousses verticales montèrent vers le ciel, notre système vital ayant ainsi retrouvé un autre souffle de vie, le cycle des saisons a ainsi repris son cours d’une manière certes modifiée, un équilibre fragile que peu de chose pourrait remettre en cause.
D’ailleurs voici quelques années, le maître des lieux à l’aide de son tracteur travaillait à l’entretien de l’espace nous étant réservé, et à la suite d’une fausse manœuvre déracinait complètement notre ami amandier immédiatement situé du côté sud, hélas perdu ….. définitivement perdu, je l’ai traité de maladroit, maintes et maintes fois. L’été passé je l’ai vu se remettre à faucher l’herbe à la faux, mais il ne semblait vraiment pas très a son aise et puis à son âge ……..
Aujourd’hui nous ne sommes plus que deux amandiers à occuper cet espace, il est vrai que nous ne sommes pas seuls, à quelques pas de nous, un ami merisier nous tiens compagnie, un peu plus loin, une haie de noisetiers cohabite avec un frère cerisier, tout à côté un superbe magnolia n’attend que les beaux jours pour faire éclore ses grosses fleurs blanches au subtil parfum. Encore plus loin, se trouve un sapin également rescapé de la tempête de 2009 qui à dû être élingué pour ne pas succomber à son tour, plus loin encore, campés sur leurs grosses racines nos amis les chênes, se suffisent de l’eau trouble de la mare ……
Vous le voyez je ne suis pas seul , moi l’amandier rescapé, nous sommes légion à participer activement a la vie de notre planète terre, avec nos amis les humains, nous sommes fait pour cohabiter.
02 janvier 2021 C Fred